Le Père Philippe Volant est décédé le 27 janvier 2022

HOMMAGE AU PERE VOLANT


Le Père Volant ne recherchait pas les honneurs. Néanmoins, écrire quelques lignes sur lui, et sur ce qu’il nous a apporté, c’est rendre grâce pour sa vie donnée en Dieu et pour son ministère.

Je commençais à travailler comme pharmacien d’officine quand le Père Volant est devenu curé de Beaumont. Je l’ai retrouvé quelques années plus tard comme vicaire à l’Isle-Adam. Il a été client de la Pharmacie où je travaillais et était très apprécié de mes collègues, baptisés ou non.

De prime abord, il surprenait souvent ses paroissiens, par ses remarques ou par son humour un peu décalé.

 Je crois en fait qu’il était très imprégné par une éducation bourgeoise au sens noble du terme (des règles de vie qui peuvent paraître austères, mais qui incluent un respect de l’autre quel qu’il soit, et un certain sens de la vie familiale et de l’économie domestique) ainsi que par sa formation agricole (au sens du respect de la terre et de ce qu’elle vous donne – en ce sens, le Père Volant a probablement appliqué Laudatio si bien avant nous tous !).

Et cette éducation lui avait certainement donné un grand sens critique. Je repense à sa façon bien à lui de vous regarder en fronçant les sourcils, qui faisait penser à celle d’un chat.

C’était, je crois, une attitude d’écoute et de réflexion qui se terminait, soit par une moue dubitative, soit par une remarque constructrice, soit encore par une anecdote suivie d’un grand éclat de rire !

Il se méfiait en fait beaucoup de la superficialité et de la dispersion, 2 tentations si actuelles, et aimait la discrétion. Il tentait, même maladroitement, de nous ramener à l’essentiel.

J’emprunte au curé d’Ars, le saint patron des prêtres, 3 citations que le Père Volant, a certainement méditées : « Si le prêtre était bien pénétré de la grandeur de son ministère, il pourrait à peine vivre », « Laissez une paroisse 20 ans sans prêtre, on y adorera les bêtes », « Le Bon Dieu m’a fait voir combien il aime que je prie pour les pauvres pêcheurs ».

Je voudrais dire quelques mots d’une messe un peu particulière, que j’ai préparée avec lui.

A l’âge de 30 ans, une de mes amies d’enfance, non catéchisée, est décédée tragiquement, à l’étranger.

J’ai souhaité demander au Père Volant, une messe pour elle, et nous sommes allés ensemble rencontrer ses parents. La messe eut lieu un dimanche après-midi, les parents de C. avaient souhaité y convier tous ceux qui avaient connus leur fille. L’église de Beaumont était pleine.

En commençant l’homélie, le Père Volant a sorti 2 objets de sa poche, une montre et une clé : « Au Paradis, nous n’aurons plus besoin de ces 2 objets. ». Autrement dit, dans la vie éternelle, ne compteront plus, ni le temps, ni l’espace. Seul comptera l’Amour.

Alors que, à l’origine, j’avais demandé une « intention particulière » dans une messe paroissiale, le Père Volant a souhaité apporter réconfort à ces parents éprouvés, en proposant une messe un dimanche après-midi dans une église ouverte à tous, à l’étonnement de certains de ses confrères.

Par cet acte d’audace, il a non seulement consolé ces parents, mais il a apporté un véritable témoignage à leur entourage, confirmé par des demandes d’entretiens ultérieures avec quelques personnes venues à cette messe.

Le Père Volant a été inhumé le jour de la Chandeleur.

Empruntons donc au Cantique de Syméon (Luc 2, 29-32), récité chaque soir par les prêtres et les religieux, dans le cadre des Complies, le mot de la fin :

« Maintenant, ô Maître souverain,

tu peux laisser ton serviteur s’en aller

en paix, selon ta parole.

Car mes yeux ont vu le salut

que tu préparais à la face des peuples :

lumière qui se révèle aux nations

et donne gloire à ton peuple Israël. »

Gaétane G